Le roi Arthur était-il un cavalier sarmate et les mythes arthuriens ont-ils une origine dans le Caucase ?

 mercredi 18 février 2009 par Jsf 

Alains

 
 

Les Alains1 (en latin : Alani2 ; en grec ancien : Ἀλανοί3 / Alanoi) sont un peuple « scythique »4, mentionné à partir du ier siècle dans les steppes au nord du Caucase qui a participé aux Grandes Invasions.

L’Ossétie ou Alanie en est l’avatar actuel : les Ossètes d’aujourd’hui, qui vivent de part et d’autre de la passe de Darial ou Dar-i-Alan, la « passe des Alains », se présentent comme les descendants directs des Alains, qui étaient des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates et très proches des Iazyges et des Roxolans.

 

 

Tableau chronologique synoptique[modifier | modifier le code]


 

Ossétie du Sud Digor (langue) Ossète Ossétie du Nord Mongols Iasses Khazars Royaume vandale d'Afrique Iazyges Roxolans Huns Caucase Précaucase Danube Gaule Afrique (province romaine)

Antiquité[modifier | modifier le code]

 

Le périple des Alains dans le contexte des Grandes migrations en Europe, annonçant le Haut Moyen Âge, est un des trajets les plus étendus : en rouge, figurent les migrations ; en orange, les expéditions militaires ; et, en jaune, les tentatives de sédentarisation.

Origine[modifier | modifier le code]

Le mot « Alains » apparaît, semble-t-il, pour la première fois dans une pièce de Sénèque, Thyeste, probablement écrite entre 41 et 48. Sénèque se borne à mentionner au passage les « féroces Alains »5. À peu près à la même période, une source historique chinoise, le Livre des Han postérieurs, signale qu'un royaume appelé Yancai a pris le nom de Alanliao6.

La première mention de leurs raids est due à l’historien juif du ier siècle de l'antiquité romaine, Flavius Josèphe, qui signale que « les Alains sont une tribu de Scythes, habitant sur les bords du Tanaïs et du marais de la Méotide… »7, c’est-à-dire entre le Don et la mer d'Azov. Il rapporte ensuite qu'ils lancèrent un raid en Transcaucasie, ravageant les territoires de Pacorus, roi de Médie Atropatène puis en Arménie, dont le roi Tiridate faillit être capturé.

À cette époque, les Alains apparaissent aux abords de l'Iran, où leurs incursions sont l’une des causes de la chute des Parthes. Les Sassanides qui leur succèdent établissent en 226 un empire durable, refoulant les Alains aux confins du Don, de l’Oural et du Caucase, où ils fondent alors un semblant de royaume éphémère.

En 375, date du début des « Grandes invasions », une partie d’entre eux prend la fuite devant les Huns de Balamber et se retrouve en Germanie.

En Gaule[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Passage du Rhin (406).

Durant la nuit de la Saint-Sylvestre 406/07, les Alains de Germanie franchissent le Rhin, peut-être gelé, près de Mayence, accompagnés principalement de Quades (ces derniers sont pendant longtemps confondus à tort avec les Suèves en raison d’une mauvaise traduction de « Souabes »), et des Vandales Hasdings et Sillings, conduits par deux rois différents.

Selon Grégoire de Tours8, des Alains alliés aux Vandales et aux Quades et emmenés par leur chef Respendial (un autre de leurs chefs nommé Goar9 étant passé dans le camp romain), participent à l’écrasement des auxiliaires francs conduits par le duc de Mayence. Les Alains sauvent également les Vandales, qui viennent de perdre leur roi Godigisel, d’un énorme massacre ; aux côtés des autres envahisseurs germaniques, ils dévastent la Gaule romaine de 407 à 409 : Worms, Mayence, Strasbourg, Tournai, Arras, Amiens, Reims tombent et sont mis à sac. Paris, Orléans, Tours sont menacés.

Puis, ils franchissent la Loire en 408 (incendiant au passage le fort gallo-romain de Meung-sur-Loire). Cependant, contrairement à leurs compagnons d’armes, les Alains se divisent en plusieurs bandes armées, en plusieurs clans, plusieurs historiens établissant un nombre d’environ 3 000 individus par clan.

En 411, à la suite du schisme du christianisme jovinien, vient l'intronisation de Jovin à Mayence comme empereur. Goar, chef alain et Gunther, chef burgonde, assurent la protection de Jovin et de son frère Sébastien contre Honorius empereur délégitimé par Constantin III quelques années auparavant, dont le pouvoir a été repris par Jovin. Honorius ne reconnaît pas alors Jovin comme son alter ego. Trahis par les Wisigoths qu'il a contribué à installer sur la Garonne, Jovin et son frère sont assiégés à Valence et décapités à Narbonne par Dardannus.

Selon la Chronica Gallica de 452 en 440, le patrice Aetius accorde des terres abandonnées dans la région de Valence (d'où la possible origine du toponyme Allan) à un groupe d'Alains commandés par un certain Sambida, dont il n'existe pas d'autre mention. Leurs relations avec leurs voisins sont aussi difficiles que celles qu'entretiennent leurs cousins installés sur les bords de la Loire.

Toujours selon la Chronica Gallica, en 442, des Alains placés sous l’autorité d’un certain Eochar (il s’agit probablement de Goar, dont le nom a été déformé par les copistes) obtiennent un traité (fœdus) avec l’Empire romain : Aetius leur permet de s’installer sur la Loire, autour d’Orléans, mais les Alains, turbulents, sont très mal perçus par les autochtones. Un jour, estimant ne pas être payés assez vite ou suffisamment, des Alains n’hésitent pas à tuer des sénateurs d’Orléans. Le nom du village d’Allaines évoque probablement un poste des Alains dans cette région.

 

St-Germain barrant la route à Eochar, roi des Alains - vue d'artiste (1836) (Sélestat, Église Saint-Georges)

En 445448, les Alains d'Eochar10 répriment une révolte de bagaudes en Armorique pour le compte d'Aetius. S'il faut en croire la Vita Germani, l'évêqueGermain d'Auxerre se serait placé sur leur route, saisissant même la bride du cheval d'Eochar pour l'empêcher d'avancer. Subjugués, les Alains se seraient alors retirés.

En 451, alors que leur chef est désormais Sangiban, les Alains forment le centre du dispositif tactique mis en place contre les forces d'Attila lors de la Bataille des champs Catalauniques (451), eu égard à la puissance de leur cavalerie lourde : Les Cataphractaires.

Témoignages de la présence des Alains en Gaule[modifier | modifier le code]

Comme pour la plupart des peuples barbares en migration, les Alains n’ont laissé que très peu de traces de leur présence sur le sol gaulois, hispanique, et africain.

Les « Alains de la Loire », présents autour d’Orléans, ainsi que d'autres groupes ont pu laisser en guise d’héritage leur ethnonyme, à l’origine du nom de certaines localités en France du type Allaines (Eure-et-Loir, Alena vers 1130 ; Somme, Alania en 1095), Alaigne (Aude, de Alaniano en 1129), Allain (Meurthe-et-Moselle, Alanum en 836), Alan, etc.11, 12,13,14.

En Normandie, dans le département du Calvados, la présence alaine est peut-être attestée (mais pas dans la toponymie, ni dans l'onomastique en général) par un important mobilier funéraire daté du début du ve siècle : « le trésor d’Airan ». Mais peut-être ne s’agit-t-il que d’un groupe de lètes sarmates ou gothiques. Trouvé par hasard à Moult en 1876, ce trésor contient un certain nombre de pièces d’orfèvrerie polychrome attribuées soit aux Alains, soit aux Huns. La tombe, située à proximité de deux stations romaines du Bas Empire faisant partie de la ligne de défense dressée contre les piratesfrisons et saxons, a pu être celle d’une princesse barbare qui a accompagné là son époux, quant à lui fédéré de Rome. Néanmoins, la présence d’éléments germaniques orientaux (fibule, chaîne) et romains (plaque-boucle de ceinture) aux côtés des éléments alano-sarmates rend l’origine ethnique de cette femme impossible à déterminer. Cette sépulture est classée par les archéologues dans le groupe dit d'« Untersiebenbrunn », du nom de l’endroit, situé en Autriche, où a été trouvée une tombe contenant un mobilier de provenances diverses. Il en existe plusieurs autres : Balleure (Étrigny, Bourgogne), Hochfelden (Bas-Rhin), Fürst (Bavière), Altlußheim (Bade-Wurtenberg), Beja (Portugal), etc.

Le patronyme « Al(l)ain », dans lequel il faut peut-être chercher l’origine du prénom « Alain », à l’origine très populaire en Bretagne et utilisé en Armorique dès le vie siècle, peut encore venir du nom de ces guerriers iranophones ; cependant, pour ce prénom, une origine celtique a aussi été suggérée.

En Hispanie et en Afrique du nord[modifier | modifier le code]

 

Royaume alain en Espagne

 

Royaumes alain et vandale

Enfin, en 409, une partie des Alains, conduite par Respendial, suit encore les Vandales et les Quades jusqu’en Hispanie. Là, ils errent sur les plateaux du centre de la Péninsule Ibérique, dans la région du Tage. Selon Isidore de Séville et l'évêque hispanique Hydace, en 411 les envahisseurs répartissent entre eux les territoires de la péninsule par tirage au sort. Une des deux tribus vandales et les Quades s’établissent en Galice tandis que les Alains s’établissent en Lusitanieet en Carthaginoise. Ils en sont brutalement délogés en 418 par les Wisigoths, qui les massacrent.

Leur périple avec les Vandales se poursuit alors jusqu’en Andalousie, et les clans alains d’Hispanie, très diminués par les attaques des Wisigoths, se placent sous l’autorité des Vandales unifiés : en 428, le roi vandale Genséric prend le titre de « roi des Vandales et des Alains », et emmène en 429 les 80 000 Barbaresqui le suivent en Afrique du Nord. L’histoire des Alains s’y confond dès lors avec celle du « royaume Vandale d'Afrique » : fondé en 429, le royaume vandale qui va d'Alger à Carthage est détruit par les troupes byzantines en 533/534, lors de l’éphémère reconquête byzantine de l’Afrique, les Vandales et les Alains de Carthage ayant survécu se réfugient auprès des peuplades berbères.

L’une des rares traces de leur passage et de leur éphémère présence en Occident se trouve également en Espagne, où les Alains sont à l’origine d’une race dechiens robustes importés par ceux-ci, race qui a gardé leur nom : les alanos espagnols15.

À l’est, leurs lointains cousins, après avoir survécu aux massacres des Mongols ou des Tatars de Tamerlan au xiiie / xive siècle, et après avoir assimilé d’autres éléments caucasophones, vivent encore actuellement dans le Caucase sous le nom d’Ossètes. Ces derniers sont majoritairement de religion chrétienne orthodoxe, avec une importante minorité musulmane. Une petite partie d'entre eux, alliés aux Mongols, vivent encore aujourd'hui en Mongolie, où ils portent le nom d'Asud.

Sur le plan culturel, seuls les Alains des ier  vie siècles sont des cavaliers nomades ou semi-nomades.

Civilisation[modifier | modifier le code]

L’historien-soldat romain Ammien Marcellin, témoin oculaire qui mêle ses propres observations aux relations d’autres auteurs, apporte quelques informations sur les Alains du nord du Caucase, informations qui doivent être abordées avec circonspection16.

Il décrit leur apparence physique : les Alains sont de grande taille, ont les cheveux modérément blonds, le regard martial et sont plus civilisés dans leur manière de s’habiller et de se nourrir que les Huns.

Sur le plan des mœurs, selon lui, les Alains sont belliqueux et courageux : leur férocité et la rapidité de leurs attaques n’ont rien à envier à celles des Huns. Ils ignorent l’esclavage et méprisent les faibles et les vieillards. Ils méprisent les vieillards car pour eux (comme pour de nombreux autres peuples barbares), c’est un honneur de mourir au combat, mais un déshonneur de mourir de vieillesse.

Pour ce qui est de leur mode de vie, les Alains ignorent le travail de la terre et utilisent des chariots couverts d’écorce en guise de maisons.

Ammien Marcellin leur prête encore la coutume de scalper leurs adversaires et d’en attacher les cheveux à leur monture. Ils rendent aussi un culte à une divinité de la guerre (identifiée à Mars) grâce à une simple épée fichée en terre et servant d’autel (le culte d’une épée « magique » est par ailleurs prêté aux Huns).

Ces informations correspondent trait pour trait aux légendes traditionnellement attachées aux peuples de cavaliers des steppes par leurs voisins sédentaires : Ammien Marcellin écrit même qu’on lui a rapporté que certains Alains orientaux seraient anthropophages.

Les sources archéologiques, quant à elles, indiquent l’existence chez les Alains d’une ou plusieurs divinités du feu et du soleil17.

L’art décoratif des Alains est essentiellement animalier : semblable à celui des Saces jusqu’au iie siècle, il fait la part belle aux décors polychromes cloisonnés aux iiie et ive siècles. Ces décors se généralisent en Occident au moment des grandes invasions (ive  vie siècles), notamment par le relais des peuples germaniques orientaux, nombreux à adopter des motifs scythiques de l’art des steppes (Goths, Burgondes, Vandales).

Par la suite, de nombreux éléments culturels sarmato-alains se retrouvent chez les Ossètes, jusqu’au xive siècle.

Selon Georges Dumézil, les Ossètes actuels sont, linguistiquement et culturellement, les descendants les plus caractérisés des Alains. Leurs légendes (cycle des Nartes) présentent des ressemblances intéressantes avec d'autres légendes de l’aire indo-européenne, notamment celtiques (légende arthurienne).

L'Alanie médiévale[modifier | modifier le code]

Après la tempête hunnique, une partie des Alains demeure sur place, à l'est du Don. L'irruption dans la steppe de nouveaux groupes nomades, Avars et Bulgares, les pousse à se replier vers lepiémont du Caucase, au sud des fleuves Kouban et Terek. Ils s'y sédentarisent, abandonnant le pastoralisme, et adoptent une économie combinant élevage et agriculture.

Au viie siècle apparaît sous la plume d'un auteur arménien l'expression Aš-Digor pour désigner une partie des Alains. Digor est actuellement le mot qui désigne les Ossètes occidentaux. Le mot Assesse retrouve par la suite dans plusieurs langues sous des formes légèrement différentes comme ethnonyme des Alains. Au xiiie siècle, Guillaume de Rubrouck, lors de son voyage vers la cour mongole mentionne encore « quelques Alains qui sont appelés ici Aas»18.

Ils sont au contact des deux grands empires rivaux de la région, l'Empire byzantin et l'Empire sassanide, se mettant au service tantôt de l'un tantôt de l'autre. Au viie siècle, la donne géopolitique change. Les Arabes, qui viennent de détruire la Perse sassanide, atteignent la région. L'historien arabe Tabari rapporte qu'en 642, ils lancent un raid en territoire alain. Au début du viie siècle, un nouveau peuple turcophone, les Khazars, fonde un empire au nord du Caucase et vassalise les Alains. C'est encore par Tabari que nous savons qu'en 721-22, le pays des Alains fut envahi par les «Turcs» (il faut entendre par là les Khazars). Le viiie siècle est émaillé d'affrontements. En 724-25, un général arabe, Abd al -Malik, impose aux Alains le paiement d'un tribut.

Vers 905-915, les Alains se convertissent au christianisme. Cette première conversion est fragile: dans une lettre à l'archevêque d'Alanie, le patriarche de Constantinople, Nicolas Ier Mystikos, lui recommande de faire preuve de patience, tout particulièrement à l'égard des élites, dont dépend le succès de l'œuvre missionnaire19. S'il faut en croire l'écrivain arabe Al-Mas'ûdî, les Alains auraient néanmois abjuré le christianisme et expulsé le clergé byzantin en 931, une situation sans doute temporaire.

Au xe siècle, les écrits d'Al-Mas'ûdî, qui mentionnent le nom de la capitale des Alains, Magas, donnent un aperçu de la puissance des Alains : l'auteur signale que leur roi dispose de 30 000 cavaliers. Dans le De ceremoniis l'empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète emploie pour désigner ce souverain le terme grec d'exousiocrator (ce qui signifie « celui qui exerce l'autorité ») et lui accorde une place honorable dans la liste des rois qui gravitent dans l'orbite de Byzance. Au xiie siècle, l'historienne byzantine Anne Comnène mentionne encore le nom d'un exousiocrator, Rhosmices20.

Une source russe, la Chronique des temps passés, relate brièvement qu'en 965, le prince de la Rus' de kiev, Sviatoslav Ier, inflige aux Khazars une défaite qui porte un coup mortel à leur royaume, puis, tout aussi brièvement que ce prince vainc les « Iasses et les Kassogues ». Les Alains semblent s'être remis de cette défaite et connaissent un âge d'or. Ils nouent des alliances matrimoniales avec les états voisins, notamment la Géorgie. L'impératrice byzantine Marie d'Alanie en est l'exemple le plus connu. Malgré son surnom, elle n'est en fait qu'à moitié alaine, étant le fruit de l'union entre le roi géorgien Bagrat IV et la princesse alaine Boréna, sœur du roi Dourgoulel. Au cours du xie siècle, un nouveau peuple nomade turcophone, les Coumans, occupe la steppe pontique. Bien que nos connaissances à propos des Alains à cette époque soient particulièrement fragmentaires, il semble qu'ils aient entretenu des relations pacifiques avec les Coumans. Au xiie siècle, le royaume alain s'émiette. En 1222, la première incursion mongole dans la région résonne comme un coup de tonnerre. Les Alains s'allient aux Coumans pour affronter les envahisseurs, commandés par les générauxSubötaï et Djebé. Après une première bataille indécise, ces derniers recourent à une ruse. Selon l'écrivain arabe Ibn al-Athir21, ils assurent les Coumans qu'ils sont de la même race qu'eux, contrairement aux Alains, et leur promettent de ne pas les attaquer s'ils abandonnent leurs alliés. Les Coumans se retirent, laissant les Mongols écraser les Alains. Leur trahison ne les sauve pas, car les Mongols renient leur parole et les défont à leur tour.

Les Mongols se retirent, mais en 1238-39, une grande armée mongole prend le chemin de l'ouest. Les Alains ne sont qu'une de leurs victimes lors de cette vaste entreprise de conquête. Comme c'est souvent le cas, les Alains ne figurent qu'incidemment dans les divers ouvrages qui relatent ces événements. L'historien persan Djuvaini relate22 de manière assez confuse le siège et la prise d'une ville dont le nom arabe pourrait correspondre à Magas. Tous les Alains ne se soumettent pas. Guillaume de Rubrouck, lors de son voyage à travers l'Empire mongol en 1252-53 parle notamment des Alains ou Aas, qui sont chrétiens et combattent encore contre les Tartares.. L'empire mongol se désintégre progressivement en différents ulus rivaux. Le territoire alain se trouvait à la limite entre deux d'entre eux : la Horde d'or au nord, dont il faisait partie, et l'Ilkhanat de Perse au sud. C'est à cette époque que des groupes alains franchissent les crêtes du Caucase et pénètrent en territoire géorgien. Entre 1290 et 1310, une source anonyme géorgienne, l' Histoire des invasions mongoles fait état de combats qui eurent lieu avec des fortunes divers entre les deux peuples, mentionnant deux chefs alains (osses en géorgien), Faredjan et Bakatar.

La diaspora alaine (xiiie et xive)[modifier | modifier le code]

Présence dans l’empire byzantin[modifier | modifier le code]

Au début du xive siècle, les Alains apparaissent en tant que mercenaires ou auxiliaires de l’empereur byzantin, Andronic II Paléologue, comme le signale l’historien catalan Ramon Muntaner lorsqu’il relate l’expédition de la Compagnie catalane en Orient23. Leur chef Georges Gircon débarrasse l’empire du chef des Catalans, Roger de Flor, le 4 avril 1305, à Andrinople, obéissant aux ordres deMichel IX, le fils du basileus. Ces Alains sont défaits plus tard, en 1306, par les Catalans, et Gircon est tué et décapité. Il semble que Gircon ne portait guère Roger de Flor dans son cœur, car à la suite d’une querelle entre les hommes de la Compagnie et des Alains, son fils trouve la mort, ce qui est source d’une haine qui n’allait être assouvie qu’avec la mort du César.

Présence en Hongrie et Moldavie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Iasses.

Sous les noms de Iasses, Iazyges, Jasons, Jasones, Jassics, Jászok et Iaşi, les Alains apparaissent aussi xive siècle comme mercenaires dans la Hongrie médiévale (où des comtés leur sont octroyés par le roi à l'est de Buda : la région du Jászság (pays iasse), autour de Berényszállás) et dans la principauté de Moldavie, où la capitale de leur comté: Aski, apparaît sous le nom de Civitas Iassiorum, en roumain Iaşi. Ils y sont rapidement assimilés aux populations locales et se fondent parmi les Magyars ou les Roumains24. En Moldavie, le nom Alani pour désigner le territoire n'est plus utilisé après l'installation du voïvode Bogdan en 1342, ce qui indique que les Iasses avaient déjà disparu. En Hongrie, une église franciscaine est érigée à Jászberény en 1474 afin de convertir au catholicisme les Iasses chrétiens byzantins, et c'est en partie en conséquence de cette conversion qu'en l'espace d'un siècle, ils perdent leur langue et s'assimilent aux populations environnantes25.

Présence en Chine et Mongolie[modifier | modifier le code]

Après le ralliement, dès 1238, d'une partie des Alains aux envahisseurs mongols, des troupes alaines sont incorporées dans l'armée mongole, et même dans la garde du grand khan. Elles suivent son armée jusqu'en Extrême-Orient. Comme c'est souvent le cas pour les Alains, leurs heurs et malheurs ne nous sont connus que par bribes. Au détour d'une page du Devisement du monde, Marco Polonous apprend qu'en 1275, alors que des soldats alains viennent de s'emparer d'une ville du sud de la Chine, ils s'enivrent. La population en profite pour les tuer tous. En représailles, les Mongols massacrent alors tous les habitants. Ces Alains (en mongol Asud, c'est-à-dire le mot Asse suivi du pluriel mongol -ud26) jouent un grand rôle dans la conquête de la Chine par Kubilai. Au début duxive siècle, l'armée mongole compte environ 30 000 Alains, probablement installés à proximité de Pékin. Cette communauté (si on y ajoute les familles des soldats) relativement nombreuse, conserve la religion chrétienne (une ambassade est envoyée par eux en 1336 au pape Benoît XII en Avignon). Après le renversement en 1368 de la dynastie Yuan, les Alains suivent le repli des Mongols vers l'Asie Centrale, où, là encore, ils se fondent progressivement dans la population27.

Langue[modifier | modifier le code]

La langue originelle des Alains doit être du moyen iranien nord-oriental de type scythe (selon Georges Dumézil), probablement semblable à celui des Sarmates. Elle évolue par la suite chez leurs descendants du Caucase au Moyen Âge pour devenir l’ossète actuel, mais la caractéristique commune de la plupart des Alains semble être leur propension à adopter la langue du pays où ils s’établissent et à s’assimiler ainsi aux populations locales. Dumézil a supposé que cette propension exprimait leur aspiration de se sédentariser.

 

Ces tribus nomades surpassèrent les autres dans la maîtrise du cheval, grâce à leur promptitude et à leur étonnante mobilité, ainsi qu’à l’adresse de leurs cavaliers, entraînés dès leur plus jeune âge. Cette habileté, associée à l’utilisation de l’arc à branche inférieure plus courte, pour le tir à cheval, fut un avantage lors des nombreuses batailles que livrèrent les Huns.

La société hunnique comprenait des groupes dirigeants « aristocratiques  », le reste de la population se composant de guerriers-éleveurs-chasseurs, et dans les villages, de guerriers-artisans et guerriers-paysans. Il existe des esclaves (prisonniers de guerre), mais qui peuvent être affranchis et s'intégrer parmi les Huns6.

Les Huns sédentarisés sur le territoire hongrois et finlandais d'aujourd'hui furent des éleveurs consommant principalement de la viande (en abondance, qu’ils mangent crue et qu’ils font aussi sécher) et des produits laitiers. La chasse avait également une grande importance dans leur économie, notamment la chasse des grands-rois pour l’alimentation de l’armée (cette chasse royale est une sorte de grande manœuvre préliminaire à la guerre).

Leur bétail fournissait également le cuir, la laine et les os. Le cuir servait à la fabrication des bottes, du harnachement, du carquois ; la laine à celle du feutre des tentes, des capes et peut-être des tapis.

L’archéologie témoigne de l’arrivée et de la progression des Huns en Europe au ive siècle. D’importants vestiges hunniques ont été découverts dans plusieurs centres : dans la région de Saratov et celle de Volgograd, sur les deux rives d’un gué important de la Volga ; dans la région centrale du Caucase du Nord ; près de la Caspienne, au Daghestan ; de la région du bas Dniepr à la Crimée(Dniepropetrovsk, Zaporojie, Chersonèse).

Les éléments caractéristiques retrouvés sont un type particulier de chaudron, la présence dans les tombes d'une peau de cheval ou d'un cheval empaillé, un modèle de selle en bois à hautes arcades. L'art hunnique est principalement non-figuratif : plaques métalliques (par exemple, diadème en or) ornées d'écailles et de décors colorés le plus souvent rouges (grenat, cornaline, verre)7.

La religion des Huns est très mal connue. Attila fondait son pouvoir sur la possession d'une épée sacrée, celle du dieu de la guerre. On connait des figurines zoomorphes plaquées d'or, rappelant des chevaux ou des cervidés, qui pourraient avoir une signification religieuse. Les Huns avaient des devins qui lisaient l'avenir dans les entrailles d'animaux, ou par scapulomancie (omoplate de mouton mise au feu, et dont on interprète les craquelures de chauffage)7.

Les populations soumises conservaient leurs traditions, leurs chefs et leurs rois, en fournissant tributs et contingents militaires. Il se forma ainsi une aristocratie multinationale d'origine

 diverse : Huns,Alains, Sarmates, Germains, Romains tardifs... élaborant une culture commune. Cette culture a durablement influencé les royaumes d'Europe centrale, et les

 royaumes à direction germanique comme la Gaule mérovingienne6.


 


L’actualité récente en Géorgie a mis les projecteurs sur la République indépendante d’Ossétie (Indépendance proclamée en 1991). Les

 Ossètes comme les Bretons d’ailleurs, ont des origines ancrées dans la fin de l’Empire romain. Les Ossètes descendent des fameux Alains,

 ou plutôt de ceux qui sont restés et ne sont pas partis piller l’Empire au Ve siècle.

Les Sarmates en Bretagne insulaire

Ces peuplades qui parlent une langue iranienne apparaissent dans le bas-Empire romain sous le nom de Sarmates quand ils sont alliés ou federati et de

 Scythes quand ils sont ennemis. Envahisseurs, ils sont connus sous le nom d’Alains alliés des Vandales.

La cavalerie sarmate-alain très appréciée des Romains était quasiment invincible. Elle était appelée cavalerie [1], du nom de leur cuirasse d’écailles, la

 cataphracte.

Depuis 175, les Sarmates devaient fournir à Rome 5000 cavaliers, pour la plupart envoyés en Bretagne (insulaire) à la frontière nord. Les Sarmates de

 Bretagne auraient été commandés à la fin du IIe siècle par Lucius Artorius Castus qui serait le roi Arthur historique (1), du moins le premier, car il

 semblerait que le roi Arthur soit un personnage composé de plusieurs figures historiques. Lucius Artorius ayant vécu 200 ans plus tôt que le roi breton qui

 rallia les Brito-Romains contre les envahisseurs saxons.



D’après Léon Fleuriot, c’est Artorius Castus, préfet de la VIe légion, qui aurait aussi maté la révolte armoricaine de 184. Une intervention en Gaule que

 rapporte bien la légende dans la première version écrite, celle de Geoffroy de Monmouth.



C’est cette cavalerie sarmate-alain qui aurait apporté d’Asie le symbole du dragon en Grande-Bretagne. Rien de plus normal pour des cavaliers aux cuirasses

 écaillées de se battre derrière des enseignes d’un monstre écaillé. Le dragon rouge du roi Arthur, dit justement "Pendragon" comme le roi Uther. Le dragon

 rouge apparaît aussi dans les prophéties de Merlin. Un dragon que l’on retrouve aujourd’hui jusque sur le drapeau du Pays de Galles.

Au IVe s. BCE, Hippocrate signale la présence d’une tribu de nomades apparentés au Scythes, appelés les Sauromates. Établis au sud de l’Oural au IVe siècle BCE (culture de Prokhorovka), c’est probablement eux qui furent à l’origine des Sarmates, en regroupant autour d’eux d’autres tribus lorsqu’ils se dégagèrent de l’emprise scythe au IIIe s. BCE. Franchissant le Don, les Sarmates anéantirent l’empire scythe au cours du IIIe s. BCE. Selon Diodore de Sicile, les Scythes furent exterminés, mais il semble que certains furent assimilés par les Sarmates.

Les Sarmates étaient une fédération de tribus, qui regroupait autour des Sarmates royaux (probablement issus des Sauromates) les Aorses, les Siraques, les Roxolans (ou Rouxelons), les Iazyges et les Bastarnes. Au Ier siècle CE les Sarmates furent rejoint par les Alains, qui devinrent la tribu la plus importante. Alains et Sarmates sont difficiles à différencier, au point de parler d’ensemble alano-sarmate. Les Alains attaquèrent l’Arménie en 68 CE, l’empire parthe en 78, puis traversèrent les Carpates avec les Iazyges et s’installèrent dans la plaine danubienne sous le règne de l’empereur Tibère, suivi par les Roxolans qui s’établirent en Moldavie et en Valachie. Une fois installés, les Sarmates furent en conflit permanent avec l’empire romain, mais également entre eux. Comme chez les Scythes, de nouvelles tribus se formèrent et certaines se sédentarisèrent, cultivant la terre, et faisant du commerce avec les cités grecques, approvisionnant les tribus restées nomades. Certaines passèrent sous foedus romain ; ainsi, l’empereur Hadrien (117-138) installa 5000 auxiliaires sarmates en Grande Bretagne.

Au cours du IIIe s. les Goths s’imposèrent dans les steppes, repoussant les Alains en Crimée et au nord du Caucase, les Sarmates dans la plaine hongroise et en Transylvanie (une fois que l’empereur Aurélien eu abandonné la Dacie), et dominant ou absorbant les tribus sédentaires. L’arrivée des Huns en 375 poussa ensuite beaucoup d’Alano-Sarmates à fuit vers l’ouest ; ils traversèrent le Rhin durant l’hiver 406-407 en compagnie des Vandales et des Suèves, et s’installèrent en Gaule ou en Hispanie, où ils furent assimilés par la population locale ; certains participeront à la bataille des champs catalauniques dans l’armée d’Aetius. Certains restèrent en Europe de l’est (on parlait encore leur langue en Hongrie au XVe s), ou se réfugièrent dans le Caucase (où ils sont toujours ; les Ossètes actuels sont leurs descendants).

 

La Sarmatie, territoires incertains et peuples mythiques

La Sarmatie a rapport à l’histoire, à l’archéologie et aux mythes fondateurs. Pour Strabon, il s’agit de « nations innombrables » nomades sur des territoires géographiquement mal définis entre Europe et Asie. L’archéologie a retrouvé des traces de cet « Empire des steppes » (R. Grousset) qui était tout sauf un empire organisé. Contrairement aux Scythes, la littérature antique est pauvre à ce sujet. Il s’agit de peuplades composées de guerriers, auxquels se joignent de commerçants et des artisans experts dans l’art du métal. Dans cette société, la femme a un rôle important, outre ses fonctions naturelles : elle est guerrière, mais aussi dotée de pouvoirs politiques et religieux. On pense aux Amazones décrites par Hérodote. Les cavaliers sarmates sont redoutés des Romains qui les intègrent ensuite dans leurs armées ; leurs cuirasses métalliques, leurs bannières au vent imitant les dragons sont là pour effrayer l’ennemi : c’est ainsi que les décrit Arrien pour la période précédente. L’art sarmate animalier et symbolique (armes, miroirs, etc.) est connu par l’archéologie. Il y aussi un « or » des Sarmates (exposition de 1995). On situe donc l’apogée des Sarmates, à la suite des Scythes et avant les invasions des Huns au deuxième siècle de notre ère, et leurs territoire d’errance semble aller de la Baltique a la mer Noire. Ovide, exilé par Auguste sur les rives du Pont-Euxin (la mer Noire) dans la Roumanie actuelle, évoque dans un poème des _Tristes_ (V, 7) la sauvagerie et la férocité des Sarmates : la pureté de sa langue latine s’ensauvage de termes barbares… A la fin du Moyen Âge, le mythe sarmate apparaît en Pologne. En 1555, Kromer voit dans la Pologne une origine sarmate contre l’avis de Miechowa (1517) qui distinguait les Polonais des Scythes et des Sarmates pour en faire des Européens (catholiques) contre les Moscovites soupçonnés de vouloir établir la troisième Jérusalem orthodoxe. L’identité sarmate est curieusement évoquée en latin, la langue de Rome, pour justifier un patriotisme religieux qui sépare les Sarmates des Slaves. La noblesse polonaise voit dans les Sarmates sa propre origine, différente de celle du peuple : le système de la Diète, le _liberum veto_ (loi de l’unanimité), l’élection du roi, ses propres privilèges sont justifiés par le mythe des traditions sarmates. On réinvente des traditions, comme le costume sarmate (inspiré des vêtements persans et turcs réels…) et l’habitude de se raser le crâne : les nobles se font peindre dans cet accoutrement. Les Lumières vont se trouver en porte à faux avec cette idéologie. Le théâtre polonais du XVIIIe siècle critique à l’occasion le sarmatisme (Rzewuski inspiré d’Hauteroche). Mais les trois partages (1772, 1793 et 1795), qui vont faire disparaître la Pologne dévorée par la Russie, l’Autriche et la Prusse, amènent une revalorisation du sarmatisme. La Confédération de Bar, révolte de la noblesse contre le roi réformateur et pro-russe Stanislas-Auguste Poniatowsli (voir la thèse de Jean Fabre) favorise cette renaissance, à laquelle s’associe Jean-Jacques Rousseau sollicité par les confédérés de proposer une constitution à la Pologne… Après la disparition pour plus d’un siècle de la Pologne comme état souverain, le sarmatisme sera associé à la nostalgie d’un âge d’or (W. Pol). Vont alors renaître les théories des confins visant à distinguer une Pologne européenne des ennemis aux frontières : Tatares, Turcs, Russes… En France, la Pologne apparaît vraiment dans l’imaginaire des représentations des peuples avec l’élection en 1573 de Henri de Valois, futur Henri III, au trône de Pologne. Toute une littérature hagiographique se déchaîne. La même année, Blaise de Vigenère adapte Kromer en français. Jean Bodin voit dans le système politique polonais un intéressant modèle. Mais d’aucuns comme André Thevet évoquent les monstres qui rodent dans la « mer Sarmatique » (Baltique), et l’évêque de Valence, Monluc, le poète Desportes, qui a accompagné le roi en Pologne, Ronsard lui-même témoignent de leur désillusion. Le huguenot Agrippa d’Aubigné est, lui, favorable aux Polonais qui ont su éviter les guerres civiles entre sectateurs des diverses religions. Au XVIIe siècle, deux reines françaises règnent sur la Pologne. Il y une mode sarmate, que l’on retrouve dans l’œuvre de Jean-Pierre Camus (_L’Iphigène_), de Jobert (_Balde, reine des sarmates_) ou au théâtre : Gilet de la Tessonerie, Hauteroche,et surtout le _ Venceslas_ de Rotrou qui bénéficiera d’un succès durable jusqu’au siècle suivant. Au siècle des Lumières, l’ambivalence du Sarmatisme s’accentue de nouveau. L’article _Pologne_ du chevalier de Jaucourt dans l’_Encyclopédie_ (1765) est très critique et oppose l’instinct sauvage de la nation aux peuples policés de l’Ouest. De son côté, Voltaire ne voit dans le sarmatisme qu’anachronisme mâtiné de superstitions catholiques. Au contraire de Rousseau comme on l’a dit ou de Marat qui exalte la résistance des Sarmates pour défendre leur liberté ; Mably y associe le patriotisme républicain. Les relations de voyages ne sont pas exemptes de cette mythification. Si au XVIe siècle et encore largement au siècle suivant, les relations de voyages faits dans un cadre officiel dominent et apportent peu, la relation du jeune Jean-François Regnard dans la seconde moitié du siècle prouve un regard plus original : s’il admire l’harnachement à la sarmate des hussards polonais, il n’en remarque pas moins le servage dans lequel la noblesse polonaise maintient l’essentiel d’une population composée de paysans. Si l’on prend deux exemples seulement dans la vaste littérature des voyages en Pologne du XVIIIe siècle (Michel Marty, Voyageurs français en Pologne durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Écriture, Lumières et altérité, Paris, Honoré Champion, 2004, 384 p.), on remarque que, pour l’ex-jésuite Vautrin devenu précepteur en Pologne, ce pays est d’abord celui de l’exil, il critique les aspects sociaux du sarmatisme et la généalogie mythique des origines sarmates des Polonais qu’il lie plutôt à celles des Russes…Le marquis de Caraccioli, lui aussi précepteur, fait au contraire l’éloge de la liberté polonaise. Le XIXe siècle sera celui de la Pologne martyre dans l’esprit de l’intelligentsia française. Les insurrections (écrasées) de 1831, 1861 soulèvent l’enthousiasme d’écrivains comme Hugo, Maupassant, voire la comtesse de Ségur. Au XXe siècle, le titre même de l’ouvrage de Pierre Dumeril _Chez nos amis les Sarmates, voyage à travers la Pologne moderne _ est largement oxymorique… Du topos sarmate combiné à la nostalgie et au sentiment des confins naît un composé qui semble survivre entre Baltique et mer Noire.

La Sarmatie

Sarmates, Taifales, Marcomans et autres migrants

À la fin du IVè siècle et au début du Vè, l’Empire romain a été confronté à un vaste mouvement migratoire venu de l’Est et initié par les Huns : ce furent ce qu’on appelle les invasions barbares. L’Empire, sans doute trop vaste et déjà sur le déclin, n’a pu ni protéger ses frontières ni intégrer ces nouveaux peuples. Mais l’administration romaine a finalement tenu le choc : ces différents peuples ont pu se créer des royaumes dans des frontières déjà établies et sur des fondations administratives existantes. C’est ainsi que naquit par exemple le royaume des Goths en Italie

En raison de la période et de l'aire géographique concernées, plusieurs cultures ont été attribuées aux Sauromates protohistoriques et aux Sarmates : entre autres, culture de Prokhorovka et « culture sarmate moyenne » (iie siècle av. J.-C.). Certains traits, toutefois, sont caractéristiques. La culture sarmate des origines semble avoir conféré une importance particulière aux femmes. De nombreuses tombes féminines richement décorées et dotées d'armes corroborent cette idée pour les vie et ve siècles av. J.-C. Au iie siècle, une reine sarmate, Amagê, est connue, indiquant peut-être une permanence de ce trait culturel. D’après Hérodote13, les femmes sarmates suivaient leurs maris à la chasse et à la guerre, et s'habillaient comme eux.

À l'époque romaine, la célèbre cavalerie lourde sarmate14 (des lanciers cataphractaires, notamment représentés sur la colonne Trajane) témoigne de l'importance de la culture guerrière de ce peuple.

Héritage[modifier | modifier le code]

Le nom des Sarmates est à l'origine de nombreux toponymes. En Dacie, on leur doit le nom de la cité de Sarmizegetusa. Dans l'Empire romain d'Occident, les noms de Sermizelles (Sarmisolaxiie siècle), Salmaise, Sermaise, Sermaize, Sermoise et quelques autres, qui remontent tous à un primitif Sarmatia (fundum ou villa), témoignent de la présence de Sarmates déditices en Gaule belgique et Gaule lyonnaise antiques15.

Les géologues et les paléo-géographes appellent « mer Sarmatique » l'étendue d'eau recouvrant, au Cénozoïque, les actuelles mer Noire, Ukraine, Sud de la Russie, mer Caspienne et mer d'Aral. Les géographes appellent « Sarmatie » la grande plaine polono-biélorusse où se tient la forêt de Białowieża.

Plusieurs orthographes désignant les peuples sarmatiques existent dans la bibliographie :

  • Roxolanes, Roxelanes, Roxolans (à l'origine des prénoms Roxane, Roxelane, Oxana...) ;
  • Jazygues, Iaziges, Yazyges, Lazygues ;
  • Iasses, Jasses, Jaszones, Jassics.

Sur le plan militaire, et par l'intermédiaire des Goths qui furent influencés par leur mode de combat, les Sarmates seraient à l'origine de la cavalerie lourde16.

Dès Hérodote, les Sarmates sont associés à la légende des Amazones. Celle-ci dérive peut-être d'un statut particulier qu'avait la femme dans leur société.

Un mouvement culturel polonais, appelé sarmatisme, fondé sur l'ancienne croyance selon laquelle la Szlachta (noblesse polonaise) avait une origine sarmate se répand de la fin du XVIe jusqu’à la deuxième moitié du XVIIIe siècle dans la République des Deux Nations. Cette culture, baroque, exerce alors une influence considérable sur les mœurs et l'idéologie de l'aristocratie polonaise. Elle influence aussi la littérature baroque sous la Rzeczpospolita.

En géologie, un paléocontinent protérozoïque correspondant au socle rocheux situé au nord de la mer Noire a été appelé Sarmatia d'après le peuple des Sarmates.

Reprenant une thèse sur les origines historiques de la légende arthurienne17, le film Le Roi Arthur, réalisé en 2004 par Antoine Fuqua, présente une version qui fait d'un groupe d'enrôlés Sarmates les premiers chevaliers de la table ronde.

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Certains groupes de Sarmates obtiennent de Rome le statut de fédérés (alliés pouvant résider dans l'empire contre service militaire, par fœdus, traité) pour protéger les camps situés sur la voie Agrippasur l'axe Rome-Boulogne-sur-Mer tel que celui de Cora dans l'Yonne. Trois des cinq villes nommées Sermaise en France doivent leur nom à ces différents relais.

À la suite de nombreuses confrontations avec l’Empire romain, des lanciers sarmates sont recrutés par Rome au cours du iie siècle. L’intégration de ces unités auxiliaires se traduit par l’adoption de l'armement et des techniques militaires steppiques ainsi que par la création d’unités spécialisés. À partir du iiie siècle, une partie des Sarmates se soumet aux Goths. Dès lors, ils appartiennent à une coalition de peuples germaniques et non-germaniques, connue sous le nom de « culture de Tcherniakov » (aussi appelée « culture Sintana de Mures » par les archéologues roumains). À la fin duive siècle, sous la pression des Huns, certains groupes de Sarmates participent aux migrations et s'installent sur le territoire romain. La notice des Dignités (Notitia Dignitatum) mentionne une préfecture des Sarmates et des Taïfales en Gaule dans la cité du Poitou (Pictavis gallia) installés en tant que colons avec le statut de gentiles.

Période des Goths[modifier | modifier le code]

Une partie des Sarmates est soumise par les Goths entre 200 et 300. Au ive siècle, les principaux groupes sarmates sont alors les Roxolans et les Iazyges de Pannonie, à la frontière romaine, et lesAlains d'Ukraine et de Russie méridionale, voisins des Ostrogoths, les Taïfales.

En 376, les Sarmates de la mer Noire s'allient aux Huns pour détruire le Royaume des Goths puis participent aux invasions hunniques du ve siècle en Europe occidentale.

 

Identité des Xiongnu[modifier | modifier le code]

La question de l'identité des Xiongnu n'est pas résolue. Le sinologue français Paul Pelliot (1878 — 1945) considérait les Xiongnu comme desProto-Turcs. L'historien japonais Kurakichi Shiratori (Shiratori Kurakichi (白鳥庫吉?), 1865 — 1942) les a considérés tantôt comme des Turcs, tantôt comme des Mongols. Pour le linguiste hongrois Louis Ligeti (en), ils ont pu être paléoasiatiques ou iénisséiens. Dans le dernier cas, ils pourraient être apparentés aux Khantys (Ostiaks), qui vivent en Sibérie occidentale et parlent une langue finno-ougrienne. Enfin, le sinologue américain Edwin G. Pulleyblank (1922 — 2013) a défendu une thèse selon laquelle ils étaient les ancêtres des Kets, un peuple sibérien parlant une langue isolée.

Quelques mots de vocabulaire des Xiongnu ont été conservés. Leur nom devait représenter la syllabe *kun. Le turcologue Louis Bazin l'a rapprochée du suffixe turc -gun, qui concerne les groupements humains. On peut aussi le rapprocher du mot mongol hün « homme », bien que les voyelles ne correspondent pas exactement. De nombreux peuples se sont appelés « les Hommes ». Il en serait de même des Xiongnu et ceci fournit un argument pour les considérer comme des Turco-Mongols. On sait aussi qu'ils pratiquaient le tengrisme, que leur désignation du ciel était apparentée au turc tängri et au mongol tengeree.

De nombreux historiens ont émis l'hypothèse que les Huns d'Attila, apparus au ive siècle en Europe, descendaient des Xiongnu ; c'est ce que suggère la ressemblance des noms. Elle n'est cependant pas certaine, puisqu'il est possible que les Huns aient pris leur nom aux Xiongnu sans avoir de lien de parenté avec eux. O. Maenchen-Helfen notamment a sévèrement critiqué la thèse de l'identité Huns-Xiongnu. Les derniers résultats de la recherche[réf. nécessaire] laissent cependant penser que ce lien était non seulement nominal, et donc politique, mais aussi culturel.

Différentes visions de l'appartenance aux différents peuples turco-mongols s'opposent. Les partisans de la théorie de la langue turque incluent E.H. Parker, Jean-Pierre Abel-Rémusat, Julius Klaproth, Kurakichi Shiratori, Gustaf John Ramstedt, Annemarie von Gabain, et Omeljan Pritsak1. Quelques sources disent que les classes dominantes étaient des proto-turques2,3 tandis-que d'autres suggèrent des proto-Hunniques. Craig Benjamin voit quant à lui les Xiongnu à la fois comme des Proto-turcs or des Proto-mongols, qui parlent probablement une langue liée au turc Dingling4.

Histoire[modifier | modifier le code]

Venus des steppe mongoles, les Xiongnu entrèrent dans l'histoire en -245, à l'occasion d'un affrontement contre le royaume de Zhao. La Chine était alors divisée en royaumes en conflit permanent. L'unification fut l'œuvre du roi de Qin, qui prit en -221 le nom de Qin Shi Huang. À cette époque, les Xiongnu semblent avoir été gouvernés par un homme que les Chinois appelaient Touman (頭曼,Tóumàn). Ce nom propre était apparenté au turco-mongol tümen « dix mille » : ce serait à l'origine un titre militaire (général d'une armée de dix mille hommes) interprété comme un nom propre par les Chinois de l'époque. Les attaques que Touman lança contre la Chine motivèrent la construction de la Grande Muraille. Mais les Chinois adoptèrent également contre eux une stratégie offensive : les Xiongnu furent vaincus par le général Meng Tian en -214.

 

Domaine d'influence des Xiongnu (209 av. J.-C.  216 ap. J.-C.)

Le successeur de Touman fut son fils aîné, appelé Modu (冒頓, mòdú) par les Chinois. Il régna de -209 à -174, en portant un titre que les Chinois transcrivent par 撑犁孤涂單于, 撑犁孤涂单于, chēnglí gūtú shànyú. La désignation turco-mongole du ciel est reconnaissable en chengli, prononcé *thrangrri en vieux chinois. Comme selon les Chinois gutu signifiait « fils », ce titre peut être traduit par « shanyu, fils du ciel ». La puissance des Xiongnu s'accrut considérablement sous le règne de ce souverain. Il réorganisa l'armée en introduisant une discipline stricte. Il créa aussi une cavalerie légère armée de puissants arcs composites (lesétriers n'existaient pas encore à cette époque). Son campement était situé au sud-est des monts Khangai, au centre de laMongolie.

En -200, les Xiongnu parvinrent à encercler Liu Bang, le fondateur de la dynastie Han. Deux ans plus tard, un traité de paix fut signé avec la Chine. Les Xiongnu reconnaissaient la souveraineté des Han sur tous les territoires au sud de la Grande Muraille, mais en échange les Han devaient donner une princesse en mariage au shanyu et fournir une grande quantité de soie, de produits artisanaux, de riz et d'or. C'est une sorte de tribut à payer pour avoir la paix.

Modu remporta une victoire contre les Yuezhi (月氏) en -176. Il s'agissait de Tokhariens, originaires de l'ouest de la province deGansu, qui avaient fondé le premier empire connu de l'Asie centrale. Selon une histoire peut-être en partie légendaire, Modu avait été envoyé en otage chez eux sous le règne de Touman. La victoire de Modu poussa les Yuezhi à émigrer vers le Tian Shan(monts Célestes), dans l'actuel Kirghizistan, et permit aux Xiongnu de contrôler trente-neuf États de l'Asie centrale. La plupart d'entre eux étaient situés sur la Route de la soie.

Laoshang (老上, lǎoshàng), le successeur de Modu, régna jusque vers -161. Continuant la politique de son père, il remporta une victoire définitive contre les Yuezhi, les poussant à émigrer vers laBactriane. L'empereur des Yuezhi fut tué et son crâne fut transformé en une coupe à boire.

L'empereur Wudi (漢武帝) de la dynastie Han envoya l'ambassadeur Zhang Qian (張騫) chez les Yuezhi pour obtenir leur alliance contre les Xiongnu. Comme Zhang Qian devait traverser le territoire des Xiongnu pour se rendre en Bactriane, il fut capturé par eux et resta dix ans prisonnier. Il s'échappa et arriva chez les Yuezhi vers -128, mais il échoua dans sa mission diplomatique. Sur le chemin du retour, il fut de nouveau capturé. Il ne resta prisonnier qu'un an, puis il revint en Chine.

Wudi infligea par ailleurs de sévères défaites aux Xiongnu. En -121, ceux-ci furent délogés du Gansu et ce territoire tomba définitivement dans le giron de la Chine. Ils se redressèrent à la fin du règne de Wudi, vers -90.

Leur empire commença à perdre sa puissance à partir de -80, avec la scission des Wusun, un puissant peuple nomade du Tian Shan qui avait été soumis lors de la victoire de Modu sur les Yuezhi. Deux autres peuples vassaux, les Dingling et les Wuhuan, se rebellèrent en -62. Plus tard, deux frères se proclamèrent shanyu et entrèrent en lutte. L'un d’eux, Huhanye, se soumit aux Chinois en -53et forma une sorte d'État tampon au sud de la Mongolie. Il put occuper le nord de ce pays en -48 et il mourut dans la région d'Oulan-Bator après avoir épousé en -33 la princesse chinoise Wang Zhaojun. Après la mort de Huhanye, les Xiongnu se scindèrent en deux factions et celle du Sud, constituée de huit tribus, fit définitivement allégeance aux Chinois. Elle s'installa dans l'actuelleMongolie-Intérieure. Dès lors, les Xiongnu commencèrent à devenir moins redoutables pour les Chinois. En 89 et en 90, ils effectuèrent encore quelques incursions en Chine, mais les troupes impériales les repoussèrent. Ils furent écrasés en 91 ; le shanyu s'enfuit et toute sa famille fut capturée et emmenée en Chine.

En 155, un chef du peuple xianbei (鮮卑), appelé Tanshihuai par les Chinois, fonda en Mongolie un puissant État et cent mille familles xiongnu se rallièrent à lui. Les Xianbei fondèrent par la suite ladynastie Wei du Nord (北魏) qui domina pendant plus d'un siècle l'ensemble de la Chine du Nord.

La société xiongnu[modifier | modifier le code]

 

objet d’orfèvrerie xiongnu (-200 ~ -100)

Les Xiongnu étaient des pasteurs semi-nomades, éleveurs de chevaux et de bœufs. Ils utilisaient probablement déjà la yourte, habitation toujours en usage chez les nomades de l'Asie centrale. Ils construisaient des habitations semi-troglodytiques ; pratiquaient des chasses collectives et utilisaient des faucons. La terre était cultivée par les prisonniers de guerre : des Chinois ou des hommes originaires des oasis de l'Asie centrale. Ces captifs effectuaient également des travaux artisanaux.

D'après les sources chinoises, les Xiongnu étaient divisés en vingt-quatre tribus, elles-mêmes subdivisées en clans et familles patrilinéaires. Les principaux clans sont : Huyan, Xubu et Luandi. La société était divisée en classes, comprenant des aristocrates, divisés en une noblesse de sang apparentée au shanyu et une noblesse de talent, et des hommes du peuple. Autour du shanyu, au pouvoir héréditaire mais non absolu, gravitaient des princes répartis en différents grades. Le souverain ne pouvait prendre son épouse que dans un nombre limité de clans. Les Xiongnu pratiquaient la polygamie et le lévirat.

Plusieurs peuples étrangers avaient été intégrés dans l'empire des Xiongnu. C'est peut-être le cas des Huns, s'ils n'étaient pas identiques aux Xiongnu, et cela pourrait expliquer qu'ils aient porté le nom de leurs anciens maîtres. Il en était probablement de même des Hephthalites, considérés comme des « Huns blancs » alors qu'ils n'étaient certainement pas apparentés aux Xiongnu ou aux Huns.

Les Xiongnu avaient de véritables institutions judiciaires. Les criminels étaient jugés lors de procès qui ne duraient jamais plus de dix jours. Les punitions appliquées étaient l'exécution, la confiscation des biens ou la mutilation. La violation de la discipline militaire était punie de mort. Les soldats étaient répartis en unités de dix hommes. Dix de ces unités formaient une centaine, dix centaines formaient un millier et dix milliers constituaient ce que les Mongols appellent un tümän. C'était une organisation militaire très courante en Asie centrale. Les femmes montaient à cheval et participaient à des actions de défense ainsi qu'à l'entraînement des enfants.

Fouilles archéologiques[modifier | modifier le code]

L'anthropologue russe Yu. D. Tal’ko Gryntsevitch serait le premier, entre 1896 et 1902, à mener des fouilles sur les tombes des Xiongnu. En 1924 et 1925, l’expédition mongolo-tibétaine du capitaine soviétique Piotr Kouzmitch Kozlov met au jour d'importants vestige, en Mongolie septentrionale, en fouillant 12 kourganes de la nécropole de Noïn Ula (en). Les soieries et laques han, parmi lesquelles une coupe datée de la kourgane n°6 font penser qu'il s'agit d'une tombe princière. Cela pourrait être celle du chanyu Wuzhuliuoruodi mort en l'an 135.

Les deux sites de Egiin Gol, dans le Nord de la Mongolie, puis la nécropole aristocratique Xiongnu découverte à Gol Mod, dans le Nord de l'aïmag d'Arkhangaï, près de la rivière Khunnu on permit dans les années 1990 et 2000 d'avancer dans la compréhension de ces peuples. Sur ces sites, le sol est sableux et herbeux, on peut y trouver bouleau et mélèzes, daims, cerfs, chevreuils, élans, loups6,7